La ruelle

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La ruelle, un album modèle idéal pour enseigner le genre narratif
Martine Arpin

« Eh, Martine, Céline Comtois, elle pense à mettre des mots en valeur quand elle écrit! Et en plus, elle a réussi à écrire en petites étapes pour mettre de la vie dans son texte. C’est une auteure qui pense à ses stratégies, hein! C’est pour ça que nous on aime son livre! Elle veut faire plaisir à ses lecteurs! »  Jacob, 1re année.

On apprend beaucoup en observant. C’est un moyen naturel et inné de comprendre comment faire quelque chose. C’est le premier mode d’apprentissage des bébés. Un bébé écoute, observe, tente de répéter les mots et gestes qu’il voit et entend autour de lui.  Il fait des tentatives, des approximations et, avec de bons modèles et des encouragements, observe et tente à nouveau, jusqu’à la réussite et jusqu’à ce qu’il voie autre chose, qu’il observera attentivement et tentera de reproduire, en y mettant de sa propre personnalité.

C’est ce qu’on doit chercher à reproduire dans notre enseignement. Pour que les élèves apprennent à écrire, ils ont besoin de modèles. Et le modèle le plus puissant que l’on peut leur offrir, les alliés les plus précieux pour les enseignants, ce sont les textes des auteurs experts. Les élèves doivent donc être entourés de livres, de modèles, y avoir accès, apprendre à les observer, à réfléchir aux raisons qui font qu’on aime une histoire au point d’avoir envie de l’entendre encore et encore.

« Les auteurs sont comme des collègues en qui nous avons confiance que nous invitons pour enseigner à nos côtés. Leurs livres nous inspirent, leurs histoires et leurs luttes personnelles nous touchent; ils nous montrent de nouvelles façons de comprendre la vie. Nous accueillons les auteurs en qui nous avons confiance dans nos classes pour nous aider à enseigner à nos élèves des stratégies qui les aideront à devenir de meilleurs auteurs. »  Stacey Shubitz, Craft Moves (traduction libre)

Un texte modèle, c’est un album qu’on utilise pour démontrer aux élèves ce que fait l’auteur pour créer son histoire, son texte, et pour le rendre intéressant.  C’est un compagnon qui nous aide à enseigner la structure du texte et les procédés littéraires ou techniques d’écriture utilisés par les auteurs. Pour choisir un bon texte modèle, on pense à un livre qu’on aime, qu’on connaît, et qui a des trucs reproductibles par les élèves dans leurs propres textes. Ce texte, on l’aura déjà lu aux élèves, pour le plaisir. Il leur est familier. Ainsi, on s’assure de la compréhension de l’histoire et du vocabulaire. Alors, les élèves peuvent, lors de notre enseignement, se centrer sur les procédés, techniques et stratégies que l’on veut démontrer. On peut les aider à étudier le texte en réfléchissant à comment l’auteur fait pour provoquer des émotions, capter l’attention du lecteur, faire réfléchir…

Les élèves ont besoin qu’on leur enseigne que les auteurs prennent des décisions avec une intention réfléchie. Avec eux, on peut étudier le texte, faire une recherche pour trouver des endroits où l’auteur a utilisé certains procédés, revenir en groupe, identifier les façons de faire de l’auteur et essayer de nommer pourquoi il a pris ces décisions de même que l’effet que cela a eu sur nous, les lecteurs. Ils peuvent alors mieux comprendre qu’ils doivent, eux aussi, prendre certaines décisions importantes en tant qu’auteurs et utiliser ces procédés dans leurs propres textes pour les rendre plus efficaces et remarquables.

Et pas besoin d’un million de textes modèles. Il faut en choisir quelques-uns, qu’on connaît vraiment bien, qu’on fait connaître aux élèves et qui contiennent les procédés que l’on veut enseigner. Pour en trouver, on relit les livres qu’on aime avec nos yeux d’auteur, pour remarquer comment les auteurs ont utilisé les procédés.

Lorsque j’ai lu La ruelle de Céline Comtois et Geneviève Després pour la première fois, j’ai senti que j’avais un nouveau trésor entre les mains. D’abord, les illustrations magnifiques de Geneviève Després; le mélange de gris et de couleurs chaudes qu’on ne voit pas souvent en illustration jeunesse et le fait qu’elles rehaussent l’histoire et mettent si bien le texte en valeur. Ensuite, tous les procédés intéressants pour enseigner la structure narrative…

Pour la structure du texte :

– l’histoire raconte un petit moment personnel, au « je », qui dure en tout deux minutes… sur plusieurs pages.

– un début qui commence dans l’action, avec un dialogue.

– la fin qui fait la boucle en nous ramenant au début.

Pour les procédés littéraires intéressants qui rendent le texte plus vivant, qui nous fait sentir « comme si on y était »:

– la façon bien personnelle qu’a l’auteure de décrire ce qui se passe étape par étape, de nous dévoiler les pensées du personnage, de nous montrer ses émotions de façon détaillée, ce qui rend le texte vivant et permet aux lecteurs d’imaginer l’action de façon précise.

– l’utilisation des dialogues, bulles… pour faire parler ses personnages.

– la description précise des actions.

– des comparaisons.

– l’ajout de détails en pensant aux sens : ce qu’elle voit, ce qu’elle entend…

Pour le choix de vocabulaire et procédés sur les conventions de la langue qu’on peut utiliser pour créer une « voix d’auteur » :

– l’utilisation de mots précis et précieux.

– les points de suspension.

– les onomatopées qui décrivent les bruits.

Alors ce magnifique album fait maintenant partie de mes quelques textes modèles « chouchou » pour le premier module narratif que j’entame avec mes élèves. Je leur ai déjà lu, on en a discuté, on le connaît et on l’adore! Je pourrai l’utiliser comme exemple dans certaines mini-leçons. Je l’aurai également à portée de la main pour mes entretiens individuels puisque, peu importe ce que je voudrai enseigner, je le trouverai dedans. Finalement, pour mon enseignement en petits groupes, je pourrai le préparer afin de guider une « recherche » avec les élèves, afin qu’ils puissent discuter des différents procédés utilisés par cette auteure, des motivations de ses choix, et des façons dont ils pourraient eux aussi utiliser ces techniques et procédés dans leurs propres textes.

Comme la petite Élodie dans sa ruelle, j’ai trouvé un trésor précieux, un nouvel ami pour enseigner l’écriture…

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